Lily Sara, one of Lebanon’s leading humanitarians, a voice for the destitute and oppressed and founder of several benevolent associations over the past half century, notably La Voix de La Femme Libanaise–the Voice of the Lebanese Woman–died in Beirut on Dec. 10, 2014 after a seven-month illness. She was 84.
The organization she founded with a group of women in 1982 focused on caring for refugees, orphans and other such victims of the 15-year conflict, and was an outgrowth of works on behalf of prisoners and the elderly she had started in the early 1970s. At war’s end, she re-focused the organization to ensure the education of thousands of Lebanese children in an alliance with Belgian Jesuits. An innate leader who inspired others to unexpected acts of courage during the war, she was a woman of deeds to whom, her son, Gabriel Sara said at her funeral, even the word compassion was not enough: “It’s not energetic enough. Action, action,” he said. “You were the first to call for civil resistance to combat the war’s ravages,” Yvette Ballouz, vice president of La Voix de La Femme Libanaise, said at the service. “You conveyed moving appeals, and with your heart’s magic, you salved wounds and inspired forgiveness in others’ hearts.”
“We don’t get hit,” she had once told a fearful Ballouz as they were driving through shelling and sniper fire on their way to help stranded families, a reflection of her faith and audacity in the face of adversity–an audacity and calm that defined her last months.
What follows are various testimonies and eulogies presented at Lily Sara’s funeral in Lebanon on Dec. 13, including the full audio of the eulogy by Gabriel (an oncologist and medical director at Mount Sinai Health Systems in New York) and a notice published in Lebanon’s French-language daily.
Donations to The Voice of the Lebanese Woman may be made at the following contact:
Association Voix De La Femme Libanaise
Banque du Crédit Libanais
Branche Achrafieh- Zahret el Ihsan- Liban
IBAN : LB 45005300CA USD 011009313001
BIC : SWIFT CODE : CLIBLBBX
Hommage à Lily Sara par Liliane Tager: L’Orient-Le Jour, 12 Décembre 2014:
Lily, un prénom qui tinte comme une clochette pour annoncer la joie, le don, le dévouement, la vie…
Le prénom d’une femme au grand cœur, d’un petit bout de femme dont l’énergie devait bouleverser à plus d’une reprise le Liban au cours des multiples épreuves qu’a traversées ce pays. Une femme qui, à chaque fois qu’il le fallait, a su ouvrir son cœur et sa maison pour accueillir les réfugiés des différentes guerres qui ont ensanglanté ce pays et leur distribuer toute l’aide possible.
Cela ne lui a pas suffi. Elle a fondé et développé l’Association de la Voix de la femme libanaise, avec l’aide de nombreux parrains et marraines belges, pour que les enfants nécessiteux puissent recevoir une éducation et une instruction dans les nombreuses écoles libanaises.
Le quartier populeux de Fanar lui doit la création du Centre médico-social qui anime, soigne et réconforte une population jusque-là abandonnée à elle-même. Et le Centre social Saint-Hubert à Aïn el-Remmaneh accueille l’enfance, la jeunesse et les femmes de ce quartier défavorisé. Perles de joie semées par Lily.
Pour toutes ces réalisations, Lily a su convaincre par sa passion pour le social les grands donateurs. C’est parce que c’était Lily qui demandait qu’ils donnaient si généreusement.
Le Seigneur là-haut a dû lui ouvrir largement les bras et lui dire, en l’accueillant dans Sa gloire et Sa lumière : « Venez, les bénis, de Mon Père… Car j’avais faim et vous m’avez donné à manger. J’avais soif et vous m’avez donné à boire… J’étais en prison et vous m’avez visité… »
Lily, tu es dans nos cœurs à jamais.
Eulogy by Yvette Ballouz, Vice President of La Voix de La Femme Libanaise:
Lily notre bien-aimée, Pour nous, ton départ est des plus douloureux. Notre association aujourd’hui est devenue orpheline, triste, très triste!…Comment ne peut-on pas l’être quand tu en es la fondatrice, la présidente, notre amie, et notre compagne tant aimée. Tu as consacré ta vie au travail social et grâce à ton charisme exceptionnel, tu nous as prouvé le pouvoir de tes mains nues et tu nous as inspiré pas le courage de tes pas.
Je t’ai accompagnée depuis plus de 50ans et je t’ai vue –oh combien de fois– courir pour t’occuper de problèmes sociaux, compliqués, et difficiles avec un grand cœur et comme uniques armes ta détermination et ta foi en la bienveillance du Bon Dieu. Dés les premières étincelles de la guerre tu m’as dit “nous n’allons pas rester les bras croisés!”
Tu as alors été la première qui a appelé à la résistance civile et à la lutte contre les désastres de la guerre. Tu as lancé des appels émouvants, et avec la magie de ton grand cœur, tu as pansé les plaies et poussé au pardon dans les cœurs.
En réponse à tes appels, des quantités énormes de dons en nourriture, en habits, en médicaments, en aide financière et autre, ont déferlé dans ton appartement. Plusieurs dames, motivées par ton appel, se sont jointes à toi pour accomplir leurs devoirs humanitaires et nationaux.
Avec comme base ta maison, nous avons travaillé comme des abeilles, avec toi comme reine, et de là nous nous sommes déployées dans des conditions extrêmement dangereuses pour aller secourir les centaines de familles décimées par la guerre et chassées de leur maison. Le grondement des canons et le sifflement des balles ne te faisaient nullement peur. Alors que tu conduisais ta voiture sous une pluie d’obus et que tu as senti que j’étais effrayée, tu m’as regardée et tu m’as demandée: “As-tu peur?”….En ayant honte devant ton courage, j’ai timidement dit que oui. Tu m’as alors répondu sur un ton calme et rassurant: “le Bon Dieu nous protège, les obus ne nous atteindront pas!”
Tu t’es aventurée dans les lieux les plus dangereux ou personne n’osait aller. Et là, tu as repéré et secouru 600 familles dans la région de Fanar-Zeytarye. Tu as ainsi assisté les familles prises entre les feux des protagonistes à la limite des quartiers de Chiyah et Ain-el-Remmané. Tu as travaillé avec une telle fougue et un tel engagement que tu as gagné la confiance et le respect des associations locales et internationales ainsi que celles de beaucoup d’amis généreux.
C’est ainsi qu’en 1982, tu as fondé officiellement l’association de La Voix de la Femme Libanaise.
Durant cette période noire de notre histoire, tu étais la voix qui s’est élevée contre la violence, les assassinats, et la destruction, la voix qui appelait à la paix par des manifestations pacifiques, par des conférences de presse et des rencontres radiodiffusées et télévisées que tu organisais régulièrement.
Le travail persistant et courageux de notre association avec l’auréole de ton nom a été récompensé par des dons très généreux qui nous ont permis l’établissement de 2 grands centres sociaux. Nous les considérons comme le couronnement de ton travail social ininterrompu pendant 50ans.
Quand la guerre s’est arrêtée et que nous avons réalisé la gravité de la catastrophe économique du pays et l’impossibilité aux familles de payer les scolarités de leurs enfants, tu as dit: “nous avons le devoir de sauver l’éducation de nos jeunes générations car ce sont elles qui reconstruiront le Liban.” Tu as prononcé cette phrase et tu t’es envolée vers la Belgique. Là, tu as proposé l’idée de parrainage par des familles belges des petits élèves au Liban. Grâce a l’aide inestimable du Père Scheuer et des pères jésuites de Belgique ainsi que l’immense générosité des parrains Belges, tu as pu ainsi assurer depuis 25 ans la scolarité de milliers d’enfants libanais et les sauver du désespoir et de l’ignorance.
Lily, ma bien aimée, Il m’est impossible aujourd’hui de relater tout ce que tu as accompli dans ta vie…… ca me prendrait des heures ou des jours pour raconter ton histoire. Tu es l’exemple du sacrifice et du don de soi! Il n’y a pas un jour où tu n’as pas donné ton temps ou ton argent. Il n’y pas un jour où tu n’as pas sacrifié ton confort et même ta santé. Tu t’es donnée au travail jusqu’ au dernier souffle de ta vie….Tu as été cette bougie qui nous a éclairés puis s’est consommée entièrement jusqu’à ce que tu t’éteignes tout doucement.
Avant que je ne te dise un dernier au revoir, je te demande de transmettre notre affection à l’âme de nos deux camarades, Samira Hakim et Antoinette Boulos, à l’âme de notre Sœur Olga Sara, et à l’âme si précieuse de Nicole Blondeau qui a été honorée par l’Ordre du Mérite Libanais.
Nous te chargeons aussi de transmettre nos salutations affectueuses à l’âme du Docteur Albert Sara qui t’a toujours encouragée et a été un grand soutien à toi et à notre association. Lily Sara…Madame Sara…un nom qui restera gravé dans nos mémoires et dans nos cœurs, un nom dont se souviendront les associations humanitaires et les générations à venir, un nom dont se souviendra toujours le vaillant quartier d’Achrafieh et dont le Liban sera toujours fier.
Marie Sfeir, Présidente de la Voix de la Femme Libanaise:
Toujours présente dans nos pensées et dans notre cœur, nous voici, toutes les dames de l’Association, réunies autour de toi pour t’accompagner par nos prières, à ton Eternelle demeure. L’exemple de ton infatigable dévouement à l’œuvre que tu as créé, tracera le chemin que nous allons suivre après ton départ. Cette œuvre dans sa pérennité et son développement sera le témoignage concret de ton immortalité.
L’œuvre au départ a commencé par s’occuper des prisonniers, puis des personnes du troisième âge. Après les évènements regrettables qui ont débutés au Liban, en 1975, tu as voulu élargir le champ de tes activités, pour t’occuper des déplacés. Ainsi tu as créé à Fanar, en 1982, le Centre Médico-Social puis à Ain El Remmaneh, le Centre Social St. Hubert. Grâce à ta vivacité, ton esprit d’initiative et ton savoir faire, tu as su sensibiliser les âmes généreuses pour doter les deux centres d’un espace large, moderne et bien équipé, prêts à recevoir toutes les familles qui avaient besoin d’aide.
Adieu chère Lily, que ton âme repose en paix auprès de Notre Seigneur et qu’IL accorde à tes enfants, la grâce et le réconfort. L’association La Voix de la Femme Libanaise présente aux enfants de la chère disparue et aux membres de sa famille ses plus sincères condoléances et en leur nom remercie tous ceux qui ont pris part à ces prières.
Gaby Abousleiman, Avocat, ancien combattant des Forces Libanaises:
Il y a ceux qui s’en vont sans laisser rien derrière eux et ceux qui s’éteignent mais leur bougie reste allumée à jamais. Lily est de ceux qui ont éclairé le chemin des autres et qui gardera cette lumière pour ceux qui veulent voir.
Lily était un exemple d’amour, de courage et d’abnégation. Vous l’avez tous connue en tant que représentante de la voix de la femme. Et vous ne savez que trop bien l’amour et la générosité dont elle a fait preuve tout au long de sa vie.
Nous militants du Secteur 10 des forces Libanaises nous l’avons connue autrement. Nous l’avons découverte en 1978 durant la guerre de cent jours alors que les bombardements détruisaient nos maisons et nos foyers. Achrafieh a été désertée par ses habitants, mais certainement pas Lily ni Albert. Accrochés au 6ème étage sur la ligne de front, faisant face aux troupes d’élite syriennes, ils ontrefusé de quitter leur appartement et sont restés là parmi les miliciens du Secteur 10 et au milieu du vacarme assourdissant des bombes.
Un jour, alors que nous gardions nos postes en dessous de l’immeuble où Lily s’affairait à débrouiller vêtements et nourriture, des bombes lacrymogènes explosent et nous jeunes miliciens n’avions pas compris ce que c’était. Alors, Lily s’exposant aux tirs des snipers commence à nous jeter des serviettes mouillées de son balcon en expliquant aux uns et aux autres comment les nouer autour du visage. Elle avait vu et compris bien avant nous. Grâce à elle l’assaut donné après cette attaque aux bombes lacrymogènes a échoué.
Lily bravait tous les dangers, et pour nous cuisiner des plats chauds elle n’hésitait pas à traverser les lignes de démarcation malgré les protestations de Vera Tabet, son amie de toujours, pour assurer les ingrédients nécessaires pour une « لبنية كبة » et ce, durant les pires bombardements d’Achrafieh. Que d’efforts nous devions faire et que d’arguments pour la convaincre à se mettre à l’abri dans l’entrée de son appartement lors des folies meurtrières des troupes syriennes.
Lily a été une mère pour tous ceux qui dans le chagrin se sont blottis dans ses bras. Lily a été la providence pour tous ceux qui étaient dans le besoin. Mais Lily a surtout été une patriote, un mot bien connu en France et bien ignoré au Liban. Elle est l’exemple de la femme courageuse qui se porte au secours des plus démunis, qui sait réconforter les combattants blessés, et qui sait s’employer à servir la société en temps de paix.
Et pour faire justice à l’Histoire et à la Mémoire, une seule fois nous l’avons vue pleurer, c’est quand l’Hôpital Libanais a été bombardé d’une façon barbare alors que Gaby son fils s’y trouvait. Nous avons essayé d’atteindre l’hôpital pour nous enquérir de lui, Chahine prenant un axe et moi empruntant un autre, mais en vain, toutes les routes menant à l’hôpital étaient impraticables.
Beaucoup de choses à dire et peu de temps, mais ce qu’il faut retenir c’est que Lily était un exemple à suivre, une leçon de vie à apprendre, une icône de la guerre libanaise. Mère, sœur, amie, combattante, infirmière, secouriste… Elle a tout été et a tout donné. Elle a enveloppé de son amour, elle a apaisé par ses conseils, elle a secouru par son assistance. Les civils avaient beaucoup à apprendre d’elle ainsi que les militaires.
Lily ! Il nous faudrait plusieurs vies pour accomplir ce que tu as fait en une seule. Ô Seigneur ! Que votre miséricorde soit à la mesure de sa générosité et que son âme repose en paix car elle le mérite.
Merci Lily et à bientôt.